L’homme le plus riche deBabylone

“L’homme le plus riche de Babylone” : Dix contes, sous forme de
paraboles inspirantes pour l’homme moderne, dont le cadre est l’antique civilisation
de Babylone, berceau historique de la finance, nous révèlent les secrets de la
réussite et des succès des anciens, notamment les moyens simples de s’enrichir, de
se libérer de ses dettes, de suivre le chemin de la prospérité pour soi et sa famille, et
de préparer de quoi protéger ses vieux jours.

Préface


La prospérité de la nation dépend de la prospérité financière de chacun d’entre nous.
Le livre traite du succès personnel, qui vient des réalisations produites par nos
efforts et notre savoir-faire.
L’homme le plus riche de Babylone est un livre thérapeutique qui est également un
guide financier pour aider les « bourses plates » à :

  • Acquérir de l’argent,
  • Le garder,
  • Le faire fructifier.


L’auteur souhaite que les contes qui se déroulent à Babylone, berceau des principes
de base de la finance, soient une inspiration pour ses lecteurs.
Babylone devint la ville la plus riche du monde dans les temps anciens.
L’argent est la mesure du succès dans notre société. L’argent permet de jouir des
meilleures choses de l’existence. L’argent abonde quand on connaît les moyens de
l’acquérir.
L’argent est soumis aux mêmes lois qu’il y a 6000 ans à Babylone.

L’homme qui désirait de l’or


Bansir, le fabricant de chars de Babylone est découragé. Assis sur la muraille qui
entoure sa propriété, il regarde tristement un char inachevé.
Sa femme l’observe, lui rappelle qu’il n’y a presque plus de nourriture, et qu’il devrait
finir le char et le livrer pour être payé.
Quand son meilleur ami, Kobbi le musicien, vient pour lui demander deux shekels.
« Si j’avais deux shekels, répond Bansir, je les garderais car ce serait toute ma
fortune. »
« Quoi ? Tu n’as pas un shekel et tu restes sans rien faire sur ta muraille ? »
« J’ai rêvé, dit Bansir, que j’étais riche, une bourse bien remplie, et que je lançais
avec insouciance des shekels aux mendiants. Que j’avais de l’or, que j’étais confiant
en l’avenir, achetant des atours à ma femme, et tout ce que je voulais pour moi-
même.
Et à mon réveil, un sentiment de révolte m’a emporté, car je me suis rappelé que ma
bourse était vide.
Sommes-nous de stupides moutons ? Nous vivons dans la ville la plus riche du
monde. La richesse s’étale devant nous, mais de cette richesse nous n’avons rien.
Ta bourse est vide, tu veux, toi, mon meilleur ami, m’emprunter deux shekels, mais
ma bourse est aussi vide que la tienne.
Qu’est-ce qui ne va pas ?
Pourquoi ne pouvons-nous pas acquérir plus d’argent et plus d’or ?
J’ai toujours travaillé, fabriquant les plus beaux chars de Babylone, espérant que les
dieux m’apporteraient prospérité. Je m’aperçois qu’ils ne le feront jamais et je suis
triste. »
« Je ne suis pas plus satisfait que toi, dit Kobbi, l’argent gagné avec ma lyre est vite
dépensé. Je voudrais posséder une lyre assez grosse pour faire retentir la grandiose
musique qui me vient à l’esprit. »
« Tu devrais avoir une telle lyre. Personne dans Babylone ne pourrait la faire
résonner mieux que toi. Mais comment te la procurer ? Nous sommes aussi pauvres
que les esclaves du roi. »
« Ne devrions-nous pas chercher à savoir comment les autres acquièrent l’or, et faire
comme eux ? Interrogea Kobbi. »
« Il y a peut-être un secret que nous pourrions apprendre, si nous trouvions ceux qui
le connaissent, répondit Bansir. »
« J’ai vu notre ami Arkad sur son char doré. C’est l’homme le plus riche de
Babylone, dit Kobbi. Le roi a recours à son or pour les affaires du trésor. Arkad a un
revenu qui garde continuellement sa bourse pleine. »
« Viens Kobbi, dit Bansir, allons voir Arkad pour l’interroger et partager sa sagesse. »

L’homme le plus riche de Babylone


Dans l’ancienne Babylone vivait un homme très riche nommé Arkad. Son immense
fortune forçait l’admiration. Il donnait aux pauvres, à sa famille, dépensait beaucoup
pour lui-même.
Et sa fortune s’accroissait plus rapidement qu’il ne pouvait dépenser chaque année.
Un jour, des amis vinrent le voir et lui demandèrent :
« Toi, Arkad, tu portes les plus beaux vêtements, tu te régales des mets les plus fins,
alors que nous devons nous contenter de vêtir et nourrir nos familles.
Pourquoi le sort te choisit-il pour te faire profiter des bonnes choses de la vie et
nous ignore-t-il, nous qui sommes également méritants ? »
« C’est que vous n’avez pas acquis plus que de quoi vivre. C’est que vous n’avez
pas appris les règles qui permettent d’accéder à la richesse, ou que vous ne les avez
pas appliquées, répondit Arkad.
Dans ma jeunesse, j’ai pris conscience que la richesse est un pouvoir. Elle permet :

  • d’acquérir les plus beaux objets,
  • de naviguer sur les mers lointaines,
  • de déguster les repas les plus fins,
  • d’acheter des parures d’or et de pierres précieuses,
  • de construire des temples pour les dieux.


Toutes ces choses qui procurent le plaisir des sens et la satisfaction de l’âme.
Je me suis donc promis que j’aurais toutes ces bonnes choses de la vie, que je ne
me contenterais pas des objets ordinaires, moins chers, et que je ne resterais pas à
l’écart, jalousant les riches.
Étant le fils de parents humbles, et n’étant pas plus doué que les autres, j’ai décidé
que, pour obtenir tout ce que je voulais, je devais prendre du temps et me consacrer
à l’étude.
Pour ce qui est du temps, tout le monde en a en abondance, vous aussi, vous en
avez.
Quant à l’étude, il fallait que je trouve le moyen d’accumuler la richesse, et une fois
trouvé, je devais l’appliquer et bien l’appliquer.
J’étais d’abord un simple scribe chez le maître de la ville, et un jour, Algamish, le très
riche prêteur d’argent, vint commander une copie de la neuvième loi. Il voulait le
travail terminé en deux jours.
Mais quand il revint, je n’avais pas fini et il se mit très en colère. J’osai alors lui
demander :
« Dites-moi comment je peux devenir riche, et je travaillerai toute la nuit pour graver
le restant du texte. »
Algamish sourit et accepta mon marché.
Au lever du soleil, le travail était achevé et il me dit :
« Tu as accompli ta partie du marché et je suis prêt à accomplir la mienne. J’ai
trouvé le chemin de la richesse, quand j’ai décidé qu’une partie de tout ce que je
gagnais devait m’appartenir. Il en sera ainsi pour toi. »
« C’est tout ? Ai-je demandé. Mais, tout ce que je gagne, je peux le garder. »
« Loin de là, dit-il, ne paies-tu pas le couturier, le sandalier, ta nourriture, ton
logement ? Nigaud ! Tu paies tout le monde, excepté toi.
Si tu gardes un dixième de ce que tu gagnes, tu auras en dix ans, l’équivalent de ce
que tu gagnes en un an. Plus tout ce que t’aura rapporté ton épargne qui travaille
pour toi.

Je te paie aujourd’hui ta nuit de travail mille fois plus que ce que tu penses. Aie
l’intelligence de saisir la vérité que je te présente. »
Je décidai donc d’appliquer ce principe. Chaque fois que j’étais payé, je cachais une
pièce de cuivre sur dix. Et curieusement, il ne me manquait pas plus d’argent
qu’auparavant.
Après quelques erreurs dans la gestion des sommes accumulées, Algamish revint
me voir et vérifia que j’avais correctement suivi ses conseils.
« Arkad, tu as bien appris ta leçon. Tu as d’abord appris à vivre avec moins que ce
que tu pouvais gagner. Ensuite, tu as appris à demander l’avis de ceux qui ont
l’expérience et qui sont prêts à la partager. Enfin, tu as appris à faire travailler l’or
pour toi.

  • Acquérir l’argent,
  • le garder,
  • l’utiliser.


Tu es donc compétent, et je te propose un poste à responsabilités. Je vieillis. Mes fils
pensent à dépenser et ne pensent jamais à gagner. Tu vas aller à Nippur t’occuper
de mes terres, tu seras mon partenaire, et tu partageras mes biens. »
« Comme j’avais appris les trois règles de la gestion de la richesse, j’ai pu beaucoup
augmenter la valeur de ses biens. »
Ainsi parla Arkad.
Un de ses amis lui dit : « tu as eu de la chance d’hériter d’Algamish. »
« De la chance seulement en ce que j’avais le désir de prospérer avant de le
rencontrer, dit Arkad. ».
« Tu as eu de la volonté de continuer après avoir perdu toutes tes économies de la
première année. »
« Volonté ! Quelle absurdité ! dit Arkad, ce n’était que la détermination inflexible de
mener à bien le travail que je m’étais imposé. »
Un autre ami dit : « si ce que tu dis est vrai et que c’est raisonnable, alors tous les
hommes pourraient le faire, et il n’y aurait pas assez de richesses pour tout le
monde. »
« La richesse s’accroît chaque fois que les hommes dépensent leur énergie, et ce de
façon magique. Aucun homme ne peut prédire sa limite, répondit Arkad.
Appliquez les principes de sagesse d’Algamish et dites-vous : une partie de ce que je
gagne me revient, et je dois la garder.

Prenez pour vous la portion qui vous semble sage, pas moins d’un dixième. Cette
part grandira et vous aurez l’agréable sensation de posséder un trésor au bout d’un
certain temps.
Les bénéfices s’accroissent, les pourcentages aussi, vos profits augmentent.
Apprenez à faire travailler votre trésor pour vous. Faites de lui votre esclave.
Consultez les avis des hommes sages, qui chaque jour gèrent l’argent et vous
éviteront les erreurs. »
UNE PARTIE DE TOUT CE QUE VOUS GAGNEZ VOUS REVIENT, CONSERVEZ-
LA.

homme tenant un billet de 50 euros


Les sept moyens de remplir une bourse vide

Quand le roi Sargon revint à Babylone après avoir vaincu les Etamites, il trouva une
situation grave. Le chancelier royal lui en expliqua la raison :
« Après plusieurs années de prospérité, le peuple semble incapable de subvenir à
ses besoins. Les travailleurs sont sans emploi, les marchands n’ont que de rares
clients, le peuple n’a pas assez d’or pour acheter de la nourriture. Seul un petit
nombre d’hommes profite des richesses. »
« Pourquoi ? demanda le roi. »

« Parce qu’ils savent comment faire pour s’enrichir, on ne peut pas condamner ceux
qui réussissent. »
« Pourquoi tous les gens ne pourraient-ils pas apprendre comment amasser de l’or et
devenir prospères ? dit Sargon. Et qui connait le mieux la façon de devenir riche ? »
« C’est Arkad »
« Amène-le demain auprès de moi. »
Le lendemain, Arkad est devant le roi.
« Arkad, dit le roi, notre ville est en très mauvaise posture, parce que peu d’hommes
connaissent la façon d’acquérir la richesse. Je veux que Babylone soit la ville la plus
riche au monde.
Nous devons donc apprendre à toute la population comment acquérir ces
richesses.
Enseignerais-tu ta science à un groupe d’enseignants qui pourraient l’enseigner à
d’autres jusqu’à avoir un nombre de maîtres suffisant pour la transmettre à tous les
sujets valeureux de mon royaume ? »
Arkad accepta.
Dans la grande salle du temple de la connaissance du roi, 100 personnes choisies
étaient prêtes à écouter Arkad.
« A vous qui êtes devant moi, j’expliquerai, chaque jour pendant sept jours, les sept
moyens de garnir une bourse vide. »

Le premier moyen

Arkad demanda à chacun quel était son métier.
« Parce que vous avez tous un travail et un salaire, vous avez les avantages que
j’avais pour réussir. Vous voyez qu’il y a plusieurs emplois grâce auxquels les
hommes peuvent gagner de l’argent. Chacune des façons d’en gagner est un filon
d’or dont le travailleur doit détourner une partie dans sa propre bourse.
Si chacun d’entre vous veut acquérir une fortune, n’est-il pas sage de commencer à
utiliser cette source de richesse déjà établie ? »
Arkad s’adressa au marchand d’œufs :
« Si vous choisissez un de vos paniers et y mettez chaque matin dix œufs et en
retirez neuf tous les soirs, qu’arrivera-t-il ? »
« Un jour viendra où il débordera, parce que tous les jours, je mets un œuf de plus
que j’en retire, répondit le marchand ».
« Voilà, chers étudiants, le premier moyen que j’ai découvert pour garnir une bourse
vide, c’est de faire ce que j’ai suggéré pour les œufs, pour chaque dix pièces que
vous récoltez, n’en dépensez que neuf. »

Le deuxième moyen Contrôlez vos dépenses.

« Chers étudiants, certains d’entre vous m’ont demandé comment économiser le
dixième de ses gains, s’ils ne suffisent pas à couvrir les dépenses obligatoires.
Vous avez tous votre bourse peu remplie. Pourtant, vous ne gagnez pas tous la
même chose. Certains gagnent beaucoup plus que d’autres, certains ont plus de
bouches à nourrir.
Je vais vous dire la vérité : les dépenses dites obligatoires augmentent toujours en
proportion de notre revenu.
Ne confondez pas dépenses obligatoires et vos désirs. Vous avez avec votre famille
toujours plus de désirs que vos gains ne peuvent satisfaire. Tous les hommes ont
des désirs qu’ils ne peuvent satisfaire.
Étudiez attentivement vos habitudes de vie et vous découvrirez que la plupart des
dépenses acceptées comme obligatoires pourraient être réduites ou éliminées.
Choisissez les dépenses qui sont vraiment obligatoires et celles qui sont
possibles à l’intérieur des neuf dixièmes de votre revenu. Laissez le dixième qui
grossit votre bourse être votre grand désir qui se comble. Le but du budget est
d’aider votre bourse à grandir.
Voici donc, chers étudiants, le deuxième moyen de garnir votre bourse. Budgétez
vos dépenses de manière à payer vos dépenses inévitables et vos loisirs, sans
dépenser plus que les neuf dixièmes de vos gains. »

Le troisième moyen Faites fructifier votre or.

Voilà que votre fortune s’accumule. Vous avez contrôlé vos dépenses pour mettre de
côté le dixième de ce que vous gagnez. L’or conservé dans une bourse contente
celui qui la possède mais ne rapporte rien.
Voyons comment mettre votre or au travail.
Mon premier investissement profitable fut un prêt que j’accordai à Aggar, un fabricant
de boucliers. Il achetait chaque année de grandes quantités de métal pour fabriquer
des armes, et comme il n’avait pas assez de capitaux pour payer les marchands, il
empruntait à ceux qui en avaient.

Chers étudiants, la richesse d’un homme n’est pas dans l’or de sa bourse, elle se
trouve dans le revenu qui continue à rapporter, que vous soyez au travail ou en
voyage.
Voilà que mes humbles gains avaient engendré un tas d’esclaves dorés, tous
travaillant et gagnant plus d’or.
Voilà donc le troisième moyen de remplir sa bourse : mettre chaque pièce au travail
pour qu’elle se reproduise et faire de votre revenu le ruisseau de la richesse qui
continuera à alimenter votre fortune.

or qui fructifie


Le quatrième moyen Protégez votre trésor contre la perte.

Le premier principe de l’investissement consiste à assurer la sécurité de votre
capital.
Étudiez soigneusement la situation avant de vous séparer de votre trésor, assurez-
vous qu’il puisse être réclamé en toute sécurité.
Avant de prêter votre or à n’importe qui, assurez-vous que votre débiteur est capable
de vous rembourser et qu’il a une bonne réputation à cet effet.
Voici donc le quatrième moyen de garnir votre bourse, protégez votre trésor contre la
perte en investissant seulement là où votre capital est en sécurité, où il peut être
réclamé au moment désiré, et où vous toucherez un intérêt convenable.
Consultez les hommes sages qui sont expérimentés dans la gestion rentable de l’or.

Le cinquième moyen Faites de votre propriété un investissement rentable.

Trop de familles vivent dans des quartiers malfamés, et paient aux propriétaires des
loyers trop élevés pour des pièces sans espace.
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Une famille a besoin d’un terrain où planter de bonnes herbes pour la cuisine, et où
les enfants puissent jouer.
Quel contentement de manger les figues et les raisins de son jardin !
Je recommande que chaque homme possède un toit pour loger sa famille.
Chers étudiants, vous pouvez emprunter de quoi fabriquer votre maison et quand
elle est bâtie, vous payez le prêteur avec la même régularité que vous payez votre
loyer. Après quelques années, vous possèderez une propriété de valeur, sans plus
rien avoir à payer sinon les taxes du roi.
Voici donc le cinquième moyen de garnir votre bourse, posséder votre propre
maison.

Le sixième moyen Assurez-vous un revenu pour l’avenir.

La vie de chaque homme se déroule de l’enfance jusqu’à la vieillesse. Il appartient à
l’homme de prévoir un revenu convenable pour les jours où il ne sera plus jeune, et
où il ne pourra plus réconforter sa famille et subvenir à ses besoins.
On peut acheter des maisons et des terres dans ce but. Si elles sont judicieusement
choisies, elles ont une valeur qui s’accroît, et leurs bénéfices ou leur vente
rapporteront conformément aux objectifs fixés.
On peut aussi verser un petit versement régulier au prêteur, qui avec le temps et les
intérêts produira de profitables résultats.
Voici donc le sixième moyen de garnir votre bourse, prévoyez des revenus pour plus
tard, et assurez la protection de votre famille.

Le septième moyen Augmentez votre habileté à acquérir des biens.

Augmentez votre habileté à acquérir des biens.
Un jeune homme vint me voir pour emprunter en me disant qu’il ne gagnait pas
assez d’argent pour faire face à ses dépenses. Je lui rétorquai qu’il n’était pas un
bon client pour le prêteur.
Il me dit que son employeur ne pouvait pas l’augmenter.
Bien que simpliste dans son idée, il avait en lui le grand désir de gagner plus, un
désir juste et souhaitable.
Le désir doit précéder l’accomplissement. Vos désirs doivent être forts et bien
définis. Des désirs vagues ne sont que de faibles souhaits. Le seul désir d’être riche
n’a aucune valeur.

L’homme qui désire acquérir cinq pièces d’or a un désir tangible qu’il peut réaliser.
Une fois ces cinq pièces acquises et mises en sécurité, il peut trouver des moyens
semblables pour obtenir dix pièces, puis vingt, puis plus tard mille pièces d’or.
Et voilà qu’il est devenu riche.
Les désirs doivent être, au départ, petits et clairement définis. S’ils sont trop
nombreux, confus, ou au-dessus des forces de l’homme, c’est l’échec assuré.
Voilà comment l’homme apprend et devient plus habile.
Donc, le septième et dernier moyen de faire fortune consiste à cultiver ses facultés
intellectuelles, à étudier et à devenir plus sage et plus instruit, à agir en se respectant
soi-même.
Voilà les sept moyens de faire fortune, tirés d’une longue et prospère expérience de
vie.
Allez de l’avant et mettez en pratique ces vérités, prospérez et devenez riches.
Allez de l’avant et enseignez ces vérités à tous les honnêtes sujets de Sa Majesté,
qui partageront les grandes richesses de Babylone.

La déesse chance

Si un homme a de la chance, il est impossible de prédire la grandeur de sa richesse.
Lancez-le dans l’Euphrate, et il en ressortira avec une perle à la main. Proverbe
babylonien.
Le désir d’avoir de la chance était aussi présent dans le cœur des hommes d’il y a
quatre mille ans que dans le cœur des hommes d’aujourd’hui.
Dans l’antique Babylone, il n’y avait ni école ni collège, mais il y avait un centre
d’apprentissage, qui était le Temple de la Connaissance.
Des professeurs volontaires y expliquaient la sagesse des temps passés, et des
sujets d’intérêt populaire y étaient discutés.
« De quoi discutons-nous ce soir ? dit Arkad. »
Un tisserand se leva et prit la parole :
« Aujourd’hui, j’ai eu la chance de trouver une bourse pleine de pièces d’or.
J’aimerais beaucoup continuer à avoir de la chance ainsi. Je suggère que nous
débattions de la manière d’attirer la chance. »
« Sujet passionnant, dit Arkad. Pour certains la chance n’arrive que par hasard.
D’autres croient en la bonne déesse Ishtar. Qu’en pensez-vous mes amis ? »
Un jeune homme se leva :

« Quand on parle de chance, on pense aux salles de jeu. J’admets ne pas y avoir
obtenu les faveurs de la déesse. »
Arkad sourit :
« La déesse se plaît à aider les gens dans le besoin et ceux qui travaillent dur. Je la
cherche non pas dans les salles de jeu ou aux courses de chevaux, mais là où les
hommes agissent et méritent d’être récompensés.
Je vois plutôt la chance comme une bonne occasion se présentant au travailleur
honnête, de faire un profit ou une bonne transaction.
La situation au jeu est inversée, car les chances se retournent contre l’homme et
vont toujours au propriétaire de la salle de jeu.
D’ailleurs, nous ne connaissons personne qui a fait une fortune durable avec cette
activité bien trop risquée. »
Un marchand âgé se leva à son tour :
« La chance peut s’approcher d’un homme et celui-ci peut la laisser s’échapper sans
le vouloir, à son plus grand regret. C’est ce qui m’est arrivé.
Un ami avait imaginé acheter une terre aride, construire une roue actionnée par des
bœufs pour y amener l’eau, puis en vendre des parcelles aux citadins souhaitant
jardiner.
Mon père me dit d’investir le dixième de mes gains dans cette affaire profitable. Je
trouvais l’idée excellente, mais j’étais jeune, et j’ai préféré acheter de beaux
vêtements pour ma femme et moi.
L’entreprise s’est avérée très rentable par la suite, et je n’avais pas su saisir cette
chance qui s’était présentée à moi. »
« La chance attend et vient à l’homme qui saisit l’occasion, commenta un homme du
désert. »
Arkad se retourna vers le tisserand :
« Tu vois, la chance n’est pas quelque chose de désirable, qui peut arriver à l’homme
sans effort de sa part. Tu as compris les vérités apportées par notre discussion.
La chance prend souvent la forme d’une occasion qu’il vous faut saisir au bon
moment.
Ce sont les hommes d’action, prompts à saisir les opportunités et à en tirer le
meilleur parti, que préfère la déesse chance. »

Les cinq lois de l’or

Le vieux Kalabab raconte à ses serviteurs l’histoire de Nomasir, le fils d’Arkad.
Arkad était l’homme le plus riche de Babylone. Son fils Nomasir vivait chez ses
parents en attendant d’hériter. Lorsqu’il eut droit à sa part, Arkad lui dit :
« Mon fils, je veux que tu hérites de mes biens, mais avant, tu dois prouver que tu es
capable de les gérer sagement.
Parcours le monde, montre ton habileté à acquérir de l’or et à te faire respecter des
hommes.
Je te donne deux choses que je n’avais pas quand j’ai commencé à amasser ma
fortune : ce sac d’or, et cette tablette d’argile où sont inscrites les cinq lois de l’or.
Dans dix ans, tu reviendras et tu me rendras compte de tes actes. Si tu as prouvé ta
valeur, je te ferai mon héritier. Sinon, je donnerai mes biens aux prêtres pour qu’ils
prient pour mon âme auprès des dieux. »
Les dix années passèrent et Nomasir, accompagné de sa femme et de ses deux
jeunes fils, revint à la maison de son père et rendit compte de ses actes à ses
parents.
« Mon père, je m’incline devant votre sagesse, commença Nomasir. Je dois bien
admettre que j’ai très mal géré l’or que vous m’aviez confié. Inexpérimenté, j’ai tout
perdu en affaires incertaines. J’ai vendu mes chevaux, mon esclave, mes beaux
habits pour acheter de quoi manger.
Et je me suis souvenu de la tablette dont je lis aujourd’hui pour l’auditoire rassemblé
devant moi, les mots pleins de sagesse :

LES CINQ LOIS

I. « L’or vient volontiers, en quantités toujours plus importantes, à l’homme qui met
de côté non moins du dixième de ses gains pour créer un bien en prévision de son
avenir et de celui de sa famille. »


II. « L’or travaille diligemment et de façon rentable pour le sage possesseur qui
lui trouve une utilisation profitable, se multipliant même comme les troupeaux dans
les champs. »


III. « L’or demeure sous la protection du possesseur prudent, qui l’investit selon
les conseils des hommes sages. »


IV. « L’or échappe à l’homme qui l’investit sans but dans des entreprises avec
lesquelles il n’est pas familier ou qui ne sont pas approuvées par ceux qui
connaissent la façon d’utiliser l’or. »

V. « L’or fuit l’homme qui le forcerait à rapporter d’impossibles gains ou qui suivrait le
conseil séduisant des fraudeurs et des trompeurs ou qui se fierait à sa propre
inexpérience et à ses désirs romantiques d’investissement. »

J’ai donc suivi la première loi et mis de côté une pièce de mes premiers gains, en
tant que chef d’une équipe d’esclaves, pour construire le nouveau mur de la ville de
Ninive.
Puis, le maître des esclaves m’a proposé d’acheter du métal à plusieurs, en vue de
la fabrication des portes de la ville.
J’ai accepté aussi, en tant que membre du même groupe d’investisseurs, de
participer à d’autres entreprises très profitables.
Ces hommes étaient sages pour gérer avantageusement l’or. Ils discutaient chaque
plan et ne prenaient pas de risques de perdre le capital.
J’ai appliqué maintes fois la sagesse des cinq lois de l’or, qui se sont révélées justes
à chaque fois.
Voici mon père, un sac d’or pour remplacer celui que vous m’aviez donné, et deux
autres en échange de la tablette d’argile dont je considère qu’elle vaut beaucoup
plus que l’or.

Grâce à votre sagesse, j’ai pu devenir riche, et respecté des hommes. »
Ayant terminé son récit, Kalabab conclut :
« La force de vos propres désirs contient une puissance magique. Guidez cette
puissance grâce à la connaissance des cinq lois de l’or, et vous aurez votre part des
richesses de Babylone. »

Le prêteur d’or de Babylone

Rodan vient de gagner cinquante pièces d’or. Le roi lui en fait cadeau, tant il est
content du dessin des fers de lance de la garde royale que lui a soumis Rodan.
Rodan va voir Mathon, le prêteur d’or de Babylone, pour lui demander conseil. Il ne
sait pas quoi faire. Sa sœur veut emprunter cet or pour son mari, afin qu’il devienne
un marchand prospère.
« Mon ami, lui dit Mathon, l’or apporte à son possesseur une responsabilité et
change son statut face à ses compagnons. Il suscite la peur de le perdre, ou d’être
trompé. Il provoque la puissance et la capacité de faire le bien. Il fournit ainsi des
occasions de causer des difficultés.
Si tu désires aider un ami, fais-le de façon à ce que les tâches et les problèmes de
celui-ci ne retombent pas sur toi.

En outre, le prêteur ne doit-il pas être sage, et juger soigneusement si son or peut
remplir un but utile pour l’emprunteur, et lui revenir ?
Ne doit-il pas estimer si cet or ne sera pas perdu par celui, accablé de dettes et
incapable de l’utiliser sagement et de le rembourser ?
Les emprunteurs les plus sûrs sont ceux dont les possessions ont plus de valeur que
leur prêt. Le prêt est basé sur la propriété.
Il y a aussi ceux, comme toi, qui travaillent et qui sont payés. Le prêt est, dans ce
cas, basé sur l’effort humain.
Si le mari de ta sœur venait me voir pour emprunter cinquante pièces d’or, je lui
demanderais dans quel but. S’il répondait : devenir marchand, je l’interrogerais sur
les connaissances qu’il a de ce métier. Sait-il où acheter au meilleur prix, où vendre
pour faire un bénéfice ?
Pourrait-il répondre à ces questions ? »
« Non, dit Rodan. »
« Dans ce cas, je lui dirais que son but n’est pas sage. Les marchands doivent être
compétents pour réussir. Son ambition, bien que louable, n’est pas logique. Je ne lui
prêterais pas.
Va dire à ta sœur que, si son mari te soumet un plan sage et réalisable que tu me
montreras, tu ne lui prêteras que tes économies d’une année entière, pour qu’il
puisse prouver qu’il est capable de réussir.
Toi, Rodan, tu as beaucoup d’or aujourd’hui. Deviens un sage prêteur comme moi,
conserve ton trésor. Il te rapportera des intérêts et sera une source abondante de
plaisirs. Mais si tu le laisses échapper auprès de mains malhabiles, il sera une
source de peines et de regrets.
Avant de partir, lis ce que j’ai gravé sur mon coffre à gages. C’est une vérité autant
pour l’emprunteur que pour le prêteur.

Les murs de Babylone

Le vieux Banzir, guerrier farouche d’autres temps, montait la garde sur la passerelle
au sommet des murs de Babylone.
De vaillants soldats défendaient l’accès aux murs. L’existence de la grande cité et de
ses centaines de milliers d’habitants en dépendait.
Alors que le roi menait une grande expédition à l’est contre les Alamytes, les armées
assyriennes attaquaient Babylone depuis trois jours, et concentraient maintenant
leurs forces contre cette partie du mur et cette porte.
Un marchand âgé implora Banzir pour s’assurer que l’ennemi n’allait pas entrer dans
la ville.
« Calme-toi, les murs de Babylone sont solides et nous protègent, répondit Banzir. »
Une femme tenant un bébé demanda à Banzir de lui dire la vérité sur l’issue du
combat.
« Retourne chez toi. Les portes résisteront aux béliers. Ceux qui escaladent les murs
sont attendus par une lance, dit Banzir. »
Une petite fille apeurée, tira la ceinture de Banzir pour savoir ce qu’allaient devenir
sa mère, son petit frère, le bébé.
« N’aie pas peur, petite, lui dit-il. Les murs de Babylone vous protégeront. C’est pour
la sécurité des gens comme toi que la bonne reine Sémiramis les a fait construire, il y
a cent ans. »

La cinquième nuit de la quatrième semaine, une immense clameur s’éleva chez les
défenseurs. Les sentiments de peur réprimés pendant des semaines se
transformaient en cris de joie.
Les murs de Babylone avaient, une fois de plus, repoussé de terribles ennemis.
Les murs de Babylone illustrent bien les besoins de l’homme et son désir d’être
protégé. Ce désir est aussi fort aujourd’hui qu’autrefois.
Aujourd’hui, les assurances, les comptes d’épargne, les investissements fiables
nous protègent.
NOUS NE POUVONS PAS NOUS PERMETTRE DE VIVRE SANS ÊTRE
PROTEGES DE FAÇON APPROPRIÉE.
Le marchand de chameaux de Babylone
Tarkad, le fils d’Azure n’a avalé que deux figues en deux jours. Il fait les cent pas
devant l’auberge, espérant emprunter à quelqu’un une pièce pour se payer un bon
repas.
Soudain, il voit Dabasir, le marchand de chameaux à qui il doit de l’argent.
« Ha, Tarkad, peut-être vas-tu me rendre les deux pièces de cuivre et la pièce
d’argent que je t’ai prêtées. »
« Je regrette, bafouille en rougissant Tarkad, je ne peux pas, je ne les ai pas. »
« Alors, trouve ces pièces et rembourse le vieil ami de ton père qui t’a aidé quand tu
étais dans le besoin ! La malchance poursuit l’homme qui pense plus à emprunter
qu’à rembourser. Viens avec moi, garçon, j’ai faim, je vais te raconter une histoire
pendant que je mange. »
Le cœur de Tarkad défaille. Il doit s’asseoir devant cet homme qui va dévorer un
gigot de chèvre.
Des convives, attirés par l’histoire de Dabasir, viennent s’asseoir en arc de cercle. Ils
mangent bruyamment, Tarkad est le seul à n’avoir aucune nourriture.
« L’histoire que je vais vous conter, relate ma jeunesse et comment j’en vins à être
marchand de chameaux.
Sans expérience, je ne savais pas que celui qui dépense plus qu’il ne gagne, sème
les vents de l’inutile indulgence envers soi, qui deviennent vite des tourbillons de
problèmes et d’humiliation.
J’ai dépensé sans compter, et le nombre de mes créanciers a très vite augmenté. Je
ne pouvais plus rembourser toutes mes dettes. Les choses allaient de mal en pis, et
j’ai fui Babylone.

Je ne me rendais plus compte à quel niveau de dégradation j’étais tombé, et je me
suis associé à un groupe de voleurs des caravanes de marchands. Mes butins
étaient vite gaspillés. Puis attaqué par les protecteurs des marchands, dépouillé de
tout, je fus vendu comme esclave.
Mon maître, un chef du désert syrien, m’a amené devant ses quatre femmes, pour
lesquelles je devais être eunuque.
Je me trouvais debout, effrayé par ces quatre femmes qui m’observaient. La plus
vieille, Sira, me parla d’une voix froide et me fit comprendre qu’elle cherchait des
gardiens de chameaux. J’ai donc été donné à Sira pour la conduire en chameau
partout où elle le souhaitait.
Je lui dis que je n’étais pas esclave de naissance, mais elle me fit remarquer que je
ne pouvais être un homme libre puisque ma faiblesse m’avait conduit à ma situation.
Je lui racontais que cette situation venait du fait que je n’avais pas remboursé mes
dettes.
Un jour, elle me demanda si j’avais l’âme d’un homme libre ou l’âme d’un esclave. Je
lui rétorquai que j’avais l’âme d’un homme libre.
« Je te donne alors l’occasion de prendre deux chameaux et de te sauver, et la
chance de le prouver en faisant tout pour rembourser tes dettes. »
J’ai dû traverser le désert, j’ai failli mourir avec mes chameaux, mais l’idée que mes
dettes étaient mes ennemies et que les hommes à qui je les devais étaient mes
amis, car ils m’avaient fait confiance, m’aida à retrouver la route de Babylone.
Parce que l’âme d’un homme libre regarde la vie comme une série de problèmes à
résoudre, et les résout. Je m’en allais conquérir mes ennemis et récompenser mes
amis.
Et toi, Tarkad, as-tu déjà pris le chemin qui mène au respect de toi-même ?
As-tu le désir de régler tes dettes et d’être un homme respecté à Babylone ? »
« Tu m’as montré le chemin, dit Tarkad tout ému, je sens déjà monter en moi l’âme
de l’homme libre. »
Dabasir finit son récit par ces mots :
« J’étais déterminé à payer toutes mes dettes. J’ai demandé à Mahon le prêteur de
m’établir un plan de remboursement que j’ai suivi jusqu’au bout. Et mes créanciers
sont redevenus mes amis. »
Ainsi Dabasir, le marchand de chameaux avait compris une grande vérité, une vérité
appliquée par les hommes sages de son époque, et qui avait aidé nombre d’hommes
à surmonter les difficultés et à connaître le succès. Elle appartient à celui qui lit ces
lignes.

Les tablettes d’argile de Babylone

Alfred Shrewsburry, du département d’archéologie du collège St Swithin de
l’université de Nottingham, fait un courrier, le 21 octobre 1934, au professeur Franklin
Caldwell, de l’expédition scientifique britannique, à Hillah en Mésopotamie.
Le professeur a découvert dans les fouilles de Babylone cinq tablettes d’argile, et
les a expédiées à Alfred Shrewsburry pour les lui faire traduire.
Dans la lettre d’accompagnement de la traduction, ce dernier lui dit qu’il a reçu le
colis en bon état, qu’il a été fasciné par ces tablettes, et qu’il a eu beaucoup de
plaisir à les traduire.
C’est le contenu du texte qui l’a surpris, car il révèle les difficultés d’un nommé
Dabasir pour rembourser ses dettes. De plus, ce vieux Dabasir explique le moyen,
inconnu d’Alfred Shrewsburry, de payer ses dettes et même d’acquérir de l’or et de
garnir son porte-monnaie.
Alfred Shrewsburry termine sa lettre en disant que sa femme et lui vont appliquer ce
moyen à leurs propres finances.

Traduction des tablettes

Tablette n°1

Moi Dabasir, qui vient de sortir d’esclavage de Syrie, déterminé à rembourser mes
dettes et à devenir un homme riche et digne de respect dans ma ville natale de
Babylone, grave dans l’argile un dossier permanent de mes affaires.
Je suis déterminé à suivre un plan précis qui comprend trois buts.
Premièrement, le dixième de tout ce que je gagne sera mis de côté et constituera un
bien que je garderai.
Deuxièmement, les sept dixièmes de tout ce que je gagne me permettront de
subvenir aux besoins de la maison, de la nourriture et de l’habillement, et je ne dois
jamais dépenser plus.

Tablette n°II

Troisièmement, le plan prévoit que mes dettes soient payées à même mes gains.
Les deux dixièmes de mes gains seront partagés honorablement et avec justice,
entre ceux qui m’ont fait confiance et qui m’ont prêté.
Je grave ici les hommes avec qui je suis en dette.

Tablette n°III

Je dois à tous mes créanciers la somme totale de cent dix-neuf pièces d’argent et
cent quarante et une pièces de cuivre.
Certains acceptent ce plan, d’autres m’insultent et réclament l’intégralité du prêt.
Je traite impartialement avec tous.

Tablette n°IV

J’ai travaillé dur avec mon commerce de chameaux et j’ai gagné dix-neuf pièces
d’argent.
J’ai divisé la somme suivant mon plan, et au bout d’une lune, j’ai réduit ma dette de
quatre pièces d’argent. Et je possède deux pièces d’argent que j’ai mises de côté.
Mes créanciers sont mieux disposés à mon égard.
Ce plan a une valeur immense. N’a-t-il pas fait un homme honorable d’un ancien
esclave ?

Tablette n°V

Mes créanciers me parlent avec déférence. Certains ne sont plus méchants avec
moi.
Ce plan a fait mon succès, il m’a rendu capable de payer toutes mes dettes et fait
sonner l’or et l’argent dans mon sac.
Je le recommande à ceux qui veulent aller de l’avant.

Le Babylonien le plus favorisé par la chance

Sharru Nada, le prince marchand de Babylone, avançait fièrement à la tête de sa
caravane.
Il ramenait de Damas un jeune homme, Hadan Gula, le petit fils de son ancien
partenaire, Arad Gula, à qui il vouait une gratitude infinie.
« Pourquoi travaillez-vous si dur, lui demande Hadan Gula, faisant toujours de longs
voyages avec votre caravane ?
Si j’avais votre fortune, je dépenserais mes shekels à jouir de la vie. Le travail est fait
pour les esclaves.
J’ai toujours voulu vivre à Babylone, la ville où mon grand-père a fait sa fortune.
Hélas, mon père et moi, ne connaissons pas son secret pour attirer les shekels d’or.
»
Sharru Nada ne répondit pas. Trois vieillards labouraient un champ, et il les reconnut.

« Il y a quarante ans, ils retournaient le même champ. Le bon vieux Meggido,
enchaîné avec moi, s’était moqué d’eux. »
« Avez-vous dit que Meggido était enchaîné avec vous ? demanda Hadan Gula
surpris. »
« Oui, nous portions un collier de bronze autour du cou, et une lourde chaîne nous
reliait l’un à l’autre.
J’ai été esclave, mon frère avait tué son ami, et j’ai été asservi à sa veuve pour éviter
des poursuites légales. Quand mon père n’a pas pu payer ma libération, la veuve
m’a vendu au marchand d’esclaves.
Meggido me disait qu’il aimait travailler car le travail lui avait apporté de bonnes
choses.
Il nous fallait dire que nous faisions du bon travail pour un bon maître. Ainsi, nous
aurions une chance d’être achetés dans de bonnes conditions, et sans être battus.
Certains hommes détestent le travail, en font leur ennemi. Meggido, lui, en avait fait
son ami et il me fit promettre que, si j’avais un maître, je travaillerais aussi dur que
possible.
Un fermier s’approcha de nous, et nous regardait d’un œil intéressé. Meggido
l’interrogea sur sa ferme et ses récoltes, et le convainquit qu’il lui serait d’une grande
utilité. Il suivit bientôt son nouveau maître et disparut.
Un gros homme se dirigea vers nous, et demanda s’il y avait un pâtissier parmi nous.
Je lui soumis l’idée qu’avec ses compétences, il pourrait me former, et que, comme
j’étais jeune et que j’aimais travailler, je ferais de mon mieux pour garnir sa bourse
d’or et d’argent.
A ma grande joie, le marché fut conclu avec le marchand d’esclaves, et je m’éloignai
avec Nana-naid, mon nouveau maître.
Il m’enseigna comment moudre l’orge, comment monter un feu dans le four,
comment pétrir le pain, et faire des gâteaux au miel.
Puis, je lui proposai de vendre des gâteaux aux hommes affamés de la ville, ce sur
quoi Nana-naid accepta de me reverser une petite part des bénéfices.
Me promenant chaque jour avec mon plateau, j’ai rapidement trouvé des clients
réguliers. Et Nana-naid, bien content de mon succès, me donna volontiers ma part
de gains, que je conservais dans un sac.
Meggido avait raison de dire qu’un maître apprécie le bon travail de ses esclaves.

Un de mes clients n’était autre que ton grand-père, Arad Gula, qui apprécia mon
dynamisme, mon goût du travail bien fait et ma volonté d’économiser.
Il devint mon ami, et bien plus tard, après bien des aventures, je le retrouvai. Il
m’attendait dans la cour de la maison de mon maître. Il m’embrassa comme un frère,
et m’annonça qu’il avait besoin d’un partenaire pour ses affaires à Damas, tout en
brandissant une tablette d’argile portant mon titre.
Mes yeux se remplirent de larmes de reconnaissance envers Arud Gula. Grâce à lui,
j’étais un homme libre.
Tu vois, le travail, au moment de ma grande détresse, s’est avéré mon meilleur ami.
»
Alors Hadan Gula posa la question :
« Est-ce que le travail était la clé secrète des shekels d’or pour mon grand-père ? »
« C’était la seule clé qu’il avait quand je l’ai connu, répondit Sharru Nada. Les dieux
ont apprécié ses efforts et l’ont récompensé. »
« J’ai toujours espéré être un homme comme mon grand-père, lui confia Hadan
Gula. Je n’avais jamais compris quelle sorte d’homme il était. Vous me l’avez montré.
Je l’admire d’autant plus et me sens déterminé à devenir comme lui. »

Un sommaire historique de Babylone

Le nom de Babylone évoque, dans les pages d’histoire, des visions de richesse et de
splendeur. On pourrait croire qu’elle était située dans un lieu riche en ressources, en
forêts et en mines, ou dans une voie naturelle d’échanges commerciaux. Tel n’était
pas le cas. Elle était située le long de l’Euphrate, en terre très aride, sans mine ni
pierres de construction.
Babylone est un exemple extraordinaire d’endroit où l’homme a atteint de grands
objectifs avec les seuls moyens à sa disposition.
La seule vraie ressource était l’eau du fleuve.
Les ingénieurs babyloniens ont dévié cette eau avec des barrages et d’immenses
canaux d’irrigation de la vallée, permettant des récoltes abondantes jamais vues
auparavant.
Les chefs de Babylone sont passés à la postérité, grâce à leur sagesse, leur
hardiesse et leur sens de la justice.
Cette vallée est aujourd’hui redevenue une plaine désertique balayée par les vents.
Jadis couverte de champs fertiles et peuplée de riches marchands commerçant de
ville en ville, elle ne présente plus que de rares bergers nomades gardant de maigres
troupeaux

Les scientifiques considèrent que la civilisation de cette vallée est la plus vieille sur
laquelle on ait des informations. Remontant jusqu’à 8000 ans en arrière.
On peut dater cela grâce aux descriptions d’une éclipse de soleil retrouvées dans les
ruines de Babylone.
Hérodote, voyageur et historien grec, a visité Babylone à son apogée. Il mentionne la
fertilité remarquable du sol, les moissons abondantes d’orge et de blé.
La sagesse de Babylone a été conservée grâce aux tablettes d’argile où étaient
gravés toutes sortes de textes, dans une écriture antique. Poésies, récits, décrets
royaux, lois, titres de propriété, et même des lettres envoyées de ville en ville par des
messagers. Les archéologues en ont découvert des bibliothèques entières.
Les murailles de Babylone, en briques cuites, étaient placées par les anciens au
même rang que les pyramides d’Égypte, tant elles étaient immenses. Cinquante-
deux mètres de hauteur, pour une longueur entre quinze et dix-sept kilomètres. Les
plus récentes ont été érigées par le roi Nabopolassar, en 600 avant Jésus-Christ,
puis achevées par Nabuchodonosor, dont le nom est dans la Bible.
Babylone était organisée quasiment comme une ville moderne. Des rues, des
boutiques, des quartiers résidentiels. Des artisans œuvrant dans la peinture, la
sculpture, le tissage, le travail de l’or, la fabrication d’armes en métal et de machines
agricoles.
Les Babyloniens étaient des financiers et des commerçants intelligents. Ce sont eux
qui ont inventé l’argent en tant que moyen d’échange et les titres de propriété écrits.
Les éons du temps ont réduit à la poussière les murs fiers de ses temples, mais la
sagesse de Babylone vit encore.

Pour commander

L’homme le plus riche deBabylone

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